Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/216

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Eusèbe mourut vers le milieu de l’an 370, et ce fut pour lui un grand sujet de consolation d’expirer entre les bras de saint Basile, qui lui succéda dans le gouvernement de son Église, malgré les ressorts que les gens mal intentionnés et ambitieux, et même des évêques jaloux de son mérite, firent agir pour l’empêcher. L’Église de Césarée était des plus considérables : saint Grégoire l’appelle la mère de presque toutes les Églises. Elle était la métropole de toute la Cappadoce, et il y a des savants qui tiennent qu’elle était la capitale de tout ce que les Romains comprenaient sous le diocèse de Pont, c’est-à-dire la Cappadoce, la Galatie, la petite Arménie, toute la côte du Pont, la Paphlagonie, la Bithynie, ce qui du temps de Théodoret comprenait onze provinces et plus de la moitié de l’Asie Mineure. Il ne faut dont point s’étonner si elle fut un objet d’ambition pour plusieurs ; mais personne n’était plus digne de la gouverner que le grand Basile, soit qu’on eût égard à son mérite personnel, soit qu’on se réglât sur les circonstances critiques du temps, où il ne fallait pas moins, pour soutenir la foi contre les violences des hérétiques, qu’un homme aussi éminent que lui en science, en talent, en fermeté et en sainteté.

Il ne trompa point l’espérance de ceux qui l’y placèrent, dont les principaux furent le vieux Grégoire, père de saint Grégoire de Nazianze, et saint Eusèbe de Samosate, que celui-là y appela pour appuyer son choix de l’autorité que lui donnaient sa réputation et son mérite éminent. Basile se surpassa alors autant lui-même, dit saint Grégoire de Nazianze, qu’il avait auparavant surpassé les autres ; et les grandes occasions où sa charge l’engagea servirent à mettre dans un jour admirable toute la grandeur de sa foi, de son zèle et de sa piété. L’histoire de son épiscopat fournirait de matière pour plus d’un volume : on peut