Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/219

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soin particulier des lépreux, et que sa charité pour eux allait si loin, que, sans considérer sa naissance et sa dignité, il ne dédaignait pas de les embrasser et de les baiser comme ses frères. Cet hôpital fut célèbre longtemps depuis, et on l’appela la Basiliade, du nom de son fondateur. Il dut être commencé dès l’an 371 ou 372. Outre celui-là, il y en avait d’autres petits dans la campagne pour les malades des bourgs et des villages, dont les chorévêques avaient l’inspection.

S’il avait tant d’attention pour les pauvres et les malades, il n’en avait pas moins pour fournir à l’Église de bons ministres et pour conserver son clergé dans une régularité édifiante. Il avait plusieurs chorévêques pour gouverner sous lui son diocèse, et il les assemblait quelquefois à la fête de saint Eupsyque. Il renouvela les canons des Pères par lesquels les chorévêques devaient avertir l’évêque de ceux qu’on voulait mettre au rang des ecclésiastiques, ce qui avait été négligé depuis quelque temps ; et il ordonna à ses chorévêques de lui envoyer les noms de tous les clercs, de quel village ils étaient, par qui ils avaient été admis, quelle était leur profession, et voulut que ceux qui auraient été admis seulement par des prêtres, depuis la première indiction, c’est-à-dire depuis l’an 358, fussent exclus du clergé par les chorévêques, qui pourraient néanmoins les y recevoir s’ils les en trouvaient dignes après les avoir bien examinés. L’on peut juger, par cette exactitude à faire un bon choix des ministres inférieurs, avec quelle précaution il agissait dans l’ordination des diacres et des prêtres.

Ce fut cette attention qui remplit son clergé d’excellents sujets, et qui donna à ce clergé une réputation digne de l’évêque qui le gouvernait. Cela parut dans une occasion où Innocent, évêque d’une grande ville