Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/218

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mais Dieu l’en dédommageait par les bénédictions qu’il répandait sur ses travaux. À quoi il faut ajouter le nombre prodigieux de lettres qu’il écrivait, tantôt pour consoler les uns dans leurs afflictions, tantôt pour exhorter les autres à se conserver dans la piété, et tantôt pour d’autres sujets relatifs au bien de leurs âmes. Il en écrivait aussi pour les affaires temporelles de ses diocésains, selon que la charité l’exigeait de lui. Aussi se regardait-il en qualité d’évêque comme leur père et leur pasteur, et il en remplissait les fonctions par la tendresse avec laquelle il en prenait soin.

Elle parut avec éclat dans le magnifique hôpital qu’il fit bâtir pour les pauvres, les malades, et principalement pour les lépreux. C’était un édifice, ou plutôt plusieurs édifices, que saint Grégoire ne fait pas difficulté d’appeler une nouvelle ville. Il dit qu’il était un peu hors de la ville ; qu’il était un commun trésor des riches où les exhortations de saint Basile avaient fait répandre non-seulement ce qui servait à la superfluité et à l’abondance, mais même ce qui était employé pour quelques nécessités de la vie. « C’est là, ajoute ce saint, où la maladie se souffre avec joie, où la misère même paraît heureuse, et où la charité est éprouvée et se reconnaît pour véritable. » En effet, selon le plan que saint Basile en avait formé, cet hôpital était pour tous ceux à qui leur faiblesse et leurs incommodités rendaient nécessaire le secours des autres, et même pour y recevoir les étrangers. Il y avait de quoi loger toutes les personnes nécessaires pour le soulagement des malades : des médecins, des gardes, des gens pour porter les fardeaux, d’autres pour conduire les infirmes, tous les métiers nécessaires pour la vie, et des bâtiments pour les exercer. Théodoret remarque que le saint, qui le visitait fréquemment, prenait un