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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/225

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des hérétiques, soit par la douleur que son cœur souffrait des maux que les ariens causèrent, en 376, à l’Église de Cappadoce ; sur quoi il écrivit plusieurs lettres à saint Grégoire de Nysse, dans lesquelles pourtant il lui promet la fin de la persécution, comme elle arriva enfin par la mort de Valens. Gratien, qui lui succéda, comme nous l’avons dit, ayant commencé de donner la paix à l’Église, notre saint commença aussitôt de respirer ; mais la mort de saint Basile, qui arriva bientôt après, le replongea dans la douleur, sans qu’il pût même l’adoucir par la consolation d’aller baiser ses précieuses reliques, n’étant pas tout à fait rétabli de la maladie qu’il avait eue.

Gratien, ayant donc donné la paix à l’Église, remit, le 19 janvier de l’an 379, l’empire d’Orient au grand Théodose, prince très-catholique et plein d’ardeur pour la foi de Nicée. Il s’agissait de rétablir cette foi dans Constantinople, où les ariens avaient fait depuis longtemps des maux inconcevables. Ils y étaient maîtres absolus et y usaient de leur pouvoir au gré de leur fureur contre les orthodoxes. Il n’y avait point d’opprobres dont ils ne les chargeassent. Ils les accablaient d’injures et de menaces ; ils leur ravissaient leur argent, ils confisquaient leurs biens ; ils les exilaient ; ils massacraient publiquement des évêques et des vieillards. Il n’y avait que les catholiques auxquels on ôtât la liberté, et ils se trouvaient exposés à tous les maux imaginables. Saint Grégoire dit encore que l’église Sainte-Sophie, qui était la grande église, se pouvait appeler la citadelle du démon, qui en avait fait sa retraite et y avait campé ses soldats. C’était là que s’assemblaient toute l’armée du mensonge et les légions des esprits impurs, et que se trouvait aussi la compagnie des furies ; car on pouvait appeler ainsi les femmes ariennes, que l’ardeur qu’elles