Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/226

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avaient pour leur secte rendait plus emportées que les Jézabels.

Ce n’était pas le seul mal qui infectât la ville impériale. Les novatiens y avaient plusieurs églises ; l’hérésie des macédoniens, qui niaient la divinité du Saint-Esprit, y faisait de grands progrès ; les apollinaristes commençaient à la menacer, et les eunomiens y avaient leur évêque ; mais les ariens étaient les plus puissants. Ainsi la vraie foi y paraissait ensevelie dans la mort de l’infidélité et de l’hérésie ; néanmoins elle conservait un reste de vie dans un petit nombre de personnes fidèles ; mais c’était encore un petit troupeau sans ordre, sans pasteur, sans bornes, sans clôture. La réputation de la science et de la vertu de Grégoire, qui avait passé au delà des mers de l’Asie, et que saint Eusèbe de Samosate n’avait pas manqué de relever, le fit appeler à Constantinople par les catholiques qui y étaient, par les évêques catholiques d’alentour, par ceux de Thrace, auxquels se joignirent saint Mélèce, Bosphore de Colonie, un autre évêque de Cappadoce, nommé Théodore ; et saint Basile l’en avait aussi sollicité avant qu’il mourût. On lui reprochait même de différer de s’y rendre ; ce qui paraît par les raisons qui l’obligèrent à se justifier, comme on peut voir dans ses différentes lettres.

Il arriva donc à Constantinople en 379, et le don des miracles l’y suivit ; mais son principal appui fut le secours de Jésus-Christ, pour la gloire duquel il allait combattre. La manière dont il explique son entrée dans cette seconde Rome nous le prouve, ainsi que son humilité. Il dit que son dessein ne devait pas moins paraître extraordinaire que de voir marcher David contre Goliath ; qu’il n’y avait rien de plus méprisable, selon le monde, qu’un homme tel que