Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette prédiction se vérifia deux ans après par les ravages que les ariens firent dans les églises, et principalement dans Alexandrie, lorsqu’ils mirent par violence sur la chaire de cette ville le détestable Grégoire de Cappadoce à la place de saint Athanase, qu’ils en avaient chassé.

Quelques-uns de cette secte ayant fait courir le bruit qu’il pensait comme eux, le saint, dont l’humilité eût souffert toute autre calomnie, s’étonna de leur impudence, et, animé d’une sainte colère contre cette fausseté, où la gloire de Jésus-Christ était plus intéressée que la sienne, il vint, à la sollicitation des évêques orthodoxes, dans Alexandrie, et y combattit publiquement les ariens, exhortant les fidèles à n’avoir aucun commerce avec eux, et disant qu’ils ne différaient point des païens, et que toutes les créatures s’élevaient contre eux, parce qu’ils abaissaient à leur rang celui qui les avait créées.

Sa présence dans cette grande ville fit un effet merveilleux sur le cœur des peuples. Ils étaient comblés de joie de l’entendre prononcer anathème contre l’hérésie. Tous s’empressaient de le voir. Les prêtres mêmes des païens allaient à l’église, demandant à parler à l’homme de Dieu, car c’était ainsi qu’on l’appelait. Il y fit plusieurs prodiges, et saint Athanase avoue que, dans le peu de temps qu’il y demeura, il se convertit plus d’infidèles à la foi qu’il ne s’en était converti auparavant dans toute une année.

Antoine, ayant rendu dans Alexandrie un témoignage si éclatant de la divinité de Jésus-Christ, reprit le chemin de sa montagne, où il fut de nouveau recherché par une infinité de gens. Ses prodiges et ses vertus y attiraient tant de monde, que, pour en faciliter le voyage dans ce désert où l’eau manquait, un diacre d’Aphrodite, nommé Baisan, prit l’expédient de louer des chameaux fort vites pour y mener en