Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/47

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gnie en qui il se confiait beaucoup, cachant par humilité son caractère, pour ne pas paraître surpasser en dignité ces hommes saints auxquels il se reconnaissait bien inférieur en mérite. Il persista donc à le nier ; mais saint Jean, le prenant par la main, la lui baisa et lui dit : « Gardez-vous, mon fils, de désavouer la grâce que vous avez reçue de Dieu, de peur qu’un bien ne vous fasse tomber dans un mal, et l’humilité dans le mensonge : car il ne faut jamais mentir, non-seulement à mauvais dessein, mais même sous prétexte d’un bien, puisque le mensonge ne vient point de Dieu, mais d’une mauvaise cause, ainsi que le Sauveur nous l’apprend. » (Matth., v.) Le diacre, instruit par cette douce remontrance, ne s’obstina plus à déguiser la vérité, et l’avoua par son silence.

Après qu’on eut fait la prière, un des frères, qui souffrait beaucoup d’une fièvre tierce, pria le saint de le guérir. Il lui répondit qu’il demandait à être guéri d’une incommodité qui lui était utile, puisque les âmes sont purifiées par les maladies, comme on se sert du sel pour nettoyer les corps. Il ne laissa pourtant pas de bénir l’huile ; le malade s’en étant frotté recouvra la santé, et fut en état de retourner à pied au lieu destiné pour le loger avec ses compagnons.

Le saint recommanda qu’ils y fussent traités selon les règles de l’hospitalité chrétienne ; et, après qu’ils eurent profité de sa charité dans la nourriture du corps, ils revinrent à lui avec empressement pour recevoir celle de l’âme. Il les reçut de nouveau avec la même démonstration de tendresse que s’ils eussent été ses propres enfants. Il les obligea de s’asseoir et leur demanda d’où ils venaient, et quel était le sujet de leur voyage. Ils répondirent qu’ils venaient de Jérusalem pour être témoins oculaires de ce que la renommée leur avait appris, d’autant que ce qu’on voit de ses yeux