Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/64

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d’entretenir un homme de qualité, venu de Rome, qui s’était retiré parmi ses religieux, et qui ne parlait que le latin et le grec.

Il fut exact à faire ses visites tant qu’il en eut la force, et dans les derniers temps de sa vie il envoyait Théodore à sa place. Il était toujours prêt à marcher et à agir dès qu’il s’agissait de la consolation de ses religieux. Bien loin de se regarder comme leur supérieur, il se considérait comme étant destiné par Dieu à les servir. Aussi ne voulait-il pas qu’on eût pour lui les égards qu’on n’aurait pas eus pour le dernier des frères, et il ne souffrait jamais qu’on le servît sans qu’il s’en dédommageât en rendant à son tour quelques services aux autres. On peut encore regarder comme une preuve de son humilité cette patience admirable qu’il montrait en toute rencontre, et qui ne se démentait jamais. Ses instructions sur l’humilité n’étaient que des épanchements de l’amour qu’il avait pour cette vertu ; et, comme il en donnait d’excellents exemples dans toutes les occasions, il n’en laissait aussi échapper aucune de la recommander à ses religieux.

Quoique le rang qu’il tenait parmi ses religieux en qualité d’instituteur eût pu lui servir de prétexte pour aspirer aux ordres, sans que les autres eussent été en droit de faire de même, il n’y voulut jamais acquiescer. Sachant que Sérapion, évêque de Tentyre, avait parlé de lui à saint Athanase, patriarche d’Alexandrie, pour l’ordonner prêtre et le déclarer supérieur général de toutes les solitudes de son diocèse, lorsque ce saint patriarche fit la visite de toutes les églises de la haute Thébaïde, Pacôme eut l’adresse de se cacher au milieu de ses religieux, qui étaient fort nombreux ; en sorte qu’on ne put le distinguer de ses frères.

Le don de discernement dont Dieu l’avait doué sur