Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/69

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tence conduisit un grand nombre de solitaires qui, ayant mis toutes leurs espérances dans le ciel, ne regardaient la terre que comme un exil, et s’y privaient volontairement, pour parvenir au royaume céleste, de toutes les satisfactions de ce monde. Le nombre de ceux qui s’y rassemblèrent devint dans la suite si grand, qu’il y fallut bâtir quatre églises en différents quartiers pour contenir tous les moines, et afin qu’ils fussent plus à portée de s’y rendre aux jours d’assemblée ; encore y en avait-il plusieurs qui n’y pouvaient venir que de bien loin, l’amour de la retraite les portant à s’avancer dans ce désert le plus qu’ils pouvaient, parce qu’ils voulaient vivre séparés des créatures pour goûter avec plus de liberté les douceurs de la contemplation.

Saint Macaire naquit dans la haute Égypte au commencement du ive siècle, c’est-à-dire l’an 300. Nous pouvons présumer, par une faute qu’il commit dans son enfance, qu’il la passa avec beaucoup d’innocence de mœurs ; car, menant paître des bœufs avec d’autres enfants de son âge, ceux-ci volèrent des figues, et il en mangea une qu’ils avaient laissée tomber en fuyant. Il pleurait, depuis, cette faute avec une vive componction, toutes les fois qu’il la rappelait à son souvenir, ce qui fait voir qu’il n’en avait point de plus considérable à se reprocher. Aussi, dès qu’il fut un peu plus avancé en âge, il abandonna tout à fait le monde pour se dérober à la contagion et servir Jésus-Christ avec plus de sûreté ; et imitant les commencements de saint Antoine, dont l’éminente vertu faisait beaucoup de bruit, il se retira dans une cellule auprès d’un village pour s’y exercer dans la pratique de la vie ascétique. L’ardeur avec laquelle il s’y porta fit qu’il s’avança en peu de temps dans la perfection monastique. On le considéra dès lors, non pas seulement comme un jeune homme qui donnait de grandes