Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/70

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espérances pour l’avenir, mais comme un religieux très-expérimenté, et dont les essais dans le combat spirituel étaient presque les efforts des solitaires parfaits. Nous pouvons appeler ceci sa première retraite du monde.

Ce que ses historiens nous apprennent qu’il y pratiqua, montre qu’il était parvenu à un détachement entier et à une patience héroïque, et Dieu l’honora dès lors de ses faveurs les plus signalées. On en jugera par le trait que nous allons rapporter. Étant sorti de sa cellule, il y trouva au retour un homme qui en enlevait tous les petits meubles et les mettait sur un chameau. Bien loin d’en témoigner le moindre chagrin, il se présenta à lui comme s’il eût été un étranger, et l’aida même à charger sa bête. Mais quand ensuite le voleur voulut lui donner un coup de fouet pour la faire aller, il ne put pas la faire lever, car on sait que les chameaux se baissent pour recevoir leur charge.

Alors Macaire, entrant dans la cellule et y ayant trouvé une petite bêche dont le voleur ne s’était pas aperçu, la lui présenta en lui disant : « Voilà, mon frère, ce que votre animal attendait ; » et il la mit avec le reste ; après quoi il donna un coup de pied au chameau, et lui dit de se lever.

L’animal, qui n’avait pas obéi à son maître, se rendit à la voix du saint. Il marcha quelque espace de chemin, durant lequel le saint conduisit le voleur, disant en lui-même avec beaucoup de tranquillité : « Nous n’avons rien apporté en ce monde, et nous n’en saurions rien emporter. Dieu me l’avait donné, Dieu me l’ôte. Il n’est arrivé que ce qui lui a plu ; que son saint nom soit béni ! » Cependant le chameau ne marcha pas longtemps. Il se rassit de nouveau lorsqu’il fut arrivé à une certaine distance, et l’on ne put le faire avancer jusqu’à ce que le voleur l’eût