Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/81

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vantage il n’avancerait rien, demanda où l’on avait enterré le mort, et s’y rendit avec ceux qui voulaient emmener l’homme qu’ils accusaient. Là il mit les genoux en terre et invoqua le nom de Jésus-Christ ; après quoi il dit aux assistants : « Le Seigneur fera connaître maintenant si cet homme que vous accusez est coupable ou non. » Alors élevant la voix il appela le mort par son nom, et lui dit : « Je vous conjure, par Jésus-Christ, de déclarer si c’est cet homme qu’on accuse qui vous a ôté la vie. » À quoi le mort répondit du fond du sépulcre, d’une voix intelligible, que ce n’était pas lui qui l’avait tué. Tous ceux qui étaient présents, épouvantés d’un si grand miracle, se jetèrent à ses pieds, et le prièrent de demander au mort qui était donc l’auteur de ce meurtre ; mais le saint leur répondit : « C’est ce que je n’ai garde de faire. Il me suffit d’avoir montré l’innocence de l’accusé sans faire connaître le coupable, qui peut-être se repentira de sa faute, en fera pénitence, et sauvera son âme. »

Mais la plus éclatante merveille que saint Macaire opéra, non pas tant à cause du miracle en lui-même, que pour l’importance du sujet, puisque ce fut pour confondre un hérétique qui niait la résurrection, et pour confirmer tout un peuple dans la vraie croyance, est celle que l’abbé Nesteros racontait à Cassien. « Un hérétique eunomien tâchant de corrompre la sincérité de la foi catholique par des subtilités que l’art de la dialectique lui avait apprises, et ayant déjà séduit beaucoup de personnes, les catholiques, touchés de la perte de tant d’âmes, s’adressèrent au bienheureux abbé Macaire pour remédier à un si grand mal. Ce saint homme quitta son désert à leurs instances, et vint en Égypte pour la délivrer de ce déluge d’hérésies qui la menaçait. Quand l’hérétique le vit, il le regarda comme un bonhomme ignorant et grossier, et il crut pouvoir