Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/82

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l’embarrasser aisément par ses sophismes. Mais le bienheureux Macaire, opposant à ses longs discours une brièveté et une autorité apostoliques, lui dit : Le royaume de Dieu ne consiste point dans des paroles, mais dans la force et dans la puissance. (1 Cor.) Allons donc, mon ami, au cimetière voisin, et invoquons le nom du Seigneur sur le premier mort que nous y trouverons. Prouvons, comme il est écrit, notre foi par nos œuvres ; et qu’on sache aujourd’hui, non par une vaine contestation de paroles, mais par un miracle de Celui dont le jugement ne peut se tromper, qui est celui qui enseigne la vraie foi. »

« L’hérétique, étonné de ce discours, mais n’osant refuser le défi en présence du peuple qui l’environnait, promit de se rendre le lendemain dans le cimetière. Tout le monde y accourut en foule dans l’impatience de voir ce grand spectacle ; mais le misérable hérétique, convaincu dans son cœur de son infidélité, et troublé par sa malice, s’enfuit non-seulement de la ville, mais aussi de l’Égypte.

« Le bienheureux Macaire l’attendit pourtant avec ce peuple jusqu’à trois heures du soir, et, voyant que sa mauvaise conscience l’avait empêché de s’y trouver, il mena ce peuple au premier sépulcre, et y trouvant le corps d’un homme qui y était enterré depuis longtemps : « Ô homme ! lui dit-il, si cet hérétique, si cet enfant de perdition fût venu avec moi, et qu’en invoquant en sa présence le nom de mon Seigneur Jésus-Christ je t’eusse appelé, dis-moi si tu te fusses levé devant tout le monde qui a presque été séduit par cet imposteur ? » Le mort se leva aussitôt et fit signe qu’il l’eût fait. Le bienheureux Macaire lui demanda ensuite qui il était, en quel temps il avait vécu, et s’il avait eu alors quelque connaissance de Jésus-Christ. Il lui répondit qu’il avait vécu sous les anciens rois, et qu’il n’avait point ouï parler alors