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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/175

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MON CŒUR DE SUCRE ROUGE

Je le sais et j’en souffre, et c’est vous la coupable,
Car vous avez voulu me griser de délices
En inclinant sur moi votre sourire,
Comme une coupe lisse,
D’où s’épanche à plaisir votre blanche volupté…

Nella, votre sourire est trop chaud et trop nu !…
Si j’étais votre amant, là-bas en Orient,
J’étoufferais votre sourire sous des grands flots de soie,
Non pour en bâillonner les ironies légères,
Mais pour vous empêcher de damner les croyants
Au passage, le soir, quand vous glissez
Avec le nonchaloir et la cadence moelleuse
D’un élégant nuage occidental
Sur les flots éblouis du Bosphore…
J’étoufferais votre sourire alléchant et trop nu
Sous des flots de beaux voiles,
Que je soulèverais ensuite, un à un,
Pour découvrir la source enivrante