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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/192

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LA VILLE CHARNELLE

et la bouche fleurie d’un bonheur qui se cache,
tu chantais la souplesse alanguie des Syriennes
mollement accoudées aux balcons pleins de roses,
sur le Nil qui dorlote un soleil moribond…

Les rayons nuançaient ton visage en triangle,
et ta galabieh de soie couleur pistache.

Sous les minarets bleus que la nuit fauve étrangle,
tu chantais la splendeur des couchants asiatiques,
qui ruissellent d’or liquéfié,
comme de grandioses ruches de miel,
la chair rose du ciel aux sueurs amoureuses
et les folâtres aventures de la Lune
sur le sommeil en fleur des villes orientales !…

Et tu fus le conteur de l’Or et du Silence,
le roi de l’horizon aux cents Palais nomades,
avec dans ta voix grise le chant du muezzin