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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/23

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LA VILLE CHARNELLE


Le Soleil me cria des injures atroces
en me crachant sa lave
et sa terreur en plein visage ; il me lança
des pierres fumantes et corrosives…
Le Soleil disloqua les muscles de sa bouche
liquéfiant sa voix de clair métal en fusion
pour me vomir sa haine et sa fureur de plomb.

Ses bras chauffés à blanc, ravageaient les campagnes
tandis que ses cris durs broyaient tous les échos,
mettant en pièces les miroirs explosifs de la mer…
Et le Soleil creva les gros yeux des marais,
leurs grands yeux recouverts d’une chassie verdâtre.
Ah ! l’effroi de courir en allongeant mon cou
comme une autruche,
sous des coups de chaleur fracassante,
parmi les hurlements crépitants du Soleil !…
Et je grimpais ainsi sur la rondeur brûlante