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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/24

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LA VILLE CHARNELLE

des collines moulées tels des genoux de femme,
parmi des flots de linge éblouissant de chaux.

Mais le Soleil fougueux mordait déjà mes trousses
et je sentais sa rage incandescente sur ma tête,
quand je touchai l’orée des jardins sauvages
et leur ramage d’eaux vives et d’oiseaux…
Aussitôt s’arrêtant, secoué de fureur,
le Soleil hulula un grand cri tubulaire de feu
et me sangla un coup de massue formidable
dans la nuque, si bien que je tombai à plat,
le nez dans l’herbe embaumée des jardins.

Alors, d’un tour de reins je redressai ma taille,
pour lui jeter à pleins poumons tout mon dédain,
mon mépris et mes lourds crachats par blocs d’airain.
« Je te bafoue, Soleil infâme,
et je conspue ton corps d’écorché vif !
Pouah ! ta peau rôtie, ton odeur d’abattoir