Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/14

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enseignaient à mépriser nos yeux mathématiques.

— Le flair, criai-je, le flair suffit aux fauves !…

Et nous chassions, tels de jeunes lions, la Mort au pelage noir tacheté de croix pâles, qui courait devant nous dans le vaste ciel mauve, palpable et vivant.

Et pourtant nous n’avions pas de Maîtresse idéale dressant sa taille jusqu’aux nuages, ni de Reine cruelle à qui offrir nos cadavres tordus ne bagues byzantines !… Rien pour mourir, si ce n’est le désir de nous débarrasser enfin de notre trop pesant courage !

Nous allions écrasant sur le seuil des maisons les chiens de garde, qui s’aplatissaient arrondis sous nos pneus brûlants, comme un faux-col sous un fer à repasser.

La Mort amadouée me devançait à chaque virage pour m’offrir gentiment la patte, et tour à tour se couchait au ras de terre avec un bruit de