Aller au contenu

Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mâchoires stridentes en me coulant des regards veloutés du fond des flaques.

— Sortons de la Sagesse comme d’une gangue hideuse et entrons, comme des fruits pimentés d’orgueil, dans la bouche immense et torse du vent !… Donnons-nous à manger à l’Inconnu, non par désespoir, mais simplement pour enrichir les insondables réservoirs de l’Absurde !

Comme j’avais dit ces mots, je virai brusquement sur moi-même avec l’ivresse folle des caniches qui se mordent la queue, et voilà tout à coup que deux cyclistes me désapprouvèrent titubant devant moi ainsi que deux raisonnements persuasifs et pourtant contradictoires. Leur ondoiement stupide discutait sur mon terrain… Quel ennui ! Pouah !… Je coupai court, et par dégoût, je me flanquai — vlan ! — cul par-dessus tête, dans un fossé…

Oh ! maternel fossé, à moitié plein d’une eau