Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/163

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mour et de mélancolie… Mes veines sont toutes pleines de la chaleur parfumée de cette caressante après-midi !… Oh ! mon John ! pourrons-nous goûter encore cette joie ? Crois-tu qu’une heure aussi belle suffise à nourrir de bonheur une vie entière ?… Oh ! si cela était possible !… Je ne veux plus d’autres voluptés !… Elles ne sauraient me griser autant !…

JOHN

Non, petite… Tu as tort !… Il ne faut pas laisser vieillir notre cœur sur place. Il faut le distraire continuellement. Nous nous aimerons ailleurs, sur d’autres plages, au bout du monde, ailleurs, toujours ailleurs, fût-ce même dans la mort !…

MARY

Quel vilain mot tu as prononcé ! Moi, quand je suis heureuse quelque part, je n’aime pas du tout m’en aller… Je suis heureuse ici, je voudrais y rester. Hier, j’ai touché le fond