Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/166

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soleil… Le malade, vois-tu, ouvre alors instinctivement les yeux, et, se retrouvant seul, tout seul dans la pénombre de la chambre, il oublie son mal, qui lui est devenu familier, pour une autre souffrance qui lui était inconnue. Voilà, ma petite Mary, ce qui se passe dans nos cœurs quand l’amour s’en va à pas feutrés. (Mary Laisse la tête et demeure silencieuse.)

Mary, il faut vite m’embrasser, sans quoi tu vas me donner de méchantes pensées…

MARY (s’élance et l’embrasse passionnément).

Je t’aime, je t’aime, mon John, et je suis heureuse de te rendre heureux par mon amour !

JOHN

Et bien, tu vas me le prouver en faisant immédiatement tes malles… Nous partons à une heure quarante ; les domestiques nous suivront plus tard. (Il se promène dans la chambre, puis se retourne et voit avec dépit Mary immobile,