Page:Marino - Les Vrais Plaisirs, 1748.djvu/80

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tendreſſe. Je ſçai que dans cieux ames liées par une chaîne fidele, l’amour n’a rien à craindre de l’abſence, quand même les ſables de Lybie, le profond Océan, & les Alpes inacceſſibles les ſépareroient. Mais quand on peut voir ce qu’on aime, il eſt affreux d’en deſirer la préſence.

Voyons-nous ſans ceſſe ; aimons-nous. L’amour eſt la récompenſe de l’amour. Quand on s’eſt donné une foy mutuelle, deux cœurs n’en forment qu’un ; c’eſt un échange de cœurs : on ne vit plus en ſoi ni pour ſoi. L’âme s’envole pour