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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/107

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Pourtant, en toute humilité, je crois n’être pas devenu, ces derniers temps, quelqu’un de pire. Mes colères mêmes se font plus rares, et moins violentes. Je m’en suis aperçu encore dimanche dernier, à la procession, à cette querelle entre Irène Hacquebart et Madeleine Lefaucheux. Elles voulaient l’une et l’autre porter la bannière des Enfants de Marie. Elles allaient en venir aux mains — ce sont pourtant presque des jeunes filles — je me suis approché d’elles avec un bon sourire, un sourire que je n’avais pas voulu, qui n’était pas une attitude, et je leur ai dit : « Eh bien, eh bien ! vous allez vous battre pour la sainte Vierge ! Croyez-vous qu’elle ne serait pas plus contente si vous la portiez chacune à votre tour ? » Elles ont souri, et elles ont fait la paix… Je suis moins coléreux, et ma piété, aussi, est devenue tout autre. C’est peut-être là le plus grand changement. Il n’y a pas si longtemps encore, je me plaignais, dans ce journal, de dire ma messe avec une insuffisante conviction, de n’être pas tout à fait présent, de n’emplir pas la liturgie. Je n’oserais affirmer que je ne suis pas quelquefois distrait, surtout quand je dis la messe à l’autel de Sainte-Thérèse, et que j’entends, par le vitrail de gauche — il ferme mal — pépier tout un monde d’oiseaux, non, je n’oserais affirmer cela, mais je puis dire que je fais des progrès. Je puis dire que je commence à savoir ce que c’est que d’aimer Dieu de tout