Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/108

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son cœur. J’ai l’impression, jusqu’à maintenant, de Tavoir connu sans bien l’aimer. Je ne savais pas la tendresse de Dieu.

Nous avons décidé, M.  le Curé et moi, de mettre notre cercle de jeunes filles sous le patronage de sainte Claire d’Assise. La première réunion doit avoir lieu ici dimanche prochain, fête de Saint-Rufin — quelle coïncidence ! — juste après les vêpres.

Ah ? que je n’oublie pas de noter ici, et sur mon carnet, que le même jour il y aura un baptême après la messe, celui de la petite Odile Courbois, la fille du chef de gare. Il était grand temps de la baptiser ! Décidément, les gens ne sont pas pressés. J’ai le plus souvent pensé que c’était par indifférence, je me demande quelquefois s’il n’y a pas là-dedans une sorte de naïve confiance dont Notre-Seigneur tient peut-être compte. Ils pensent tous : « Il n’est pas si méchant ! Est-ce qu’on ne L’appelle pas le Bon Dieu ? »

J’ai senti cela chez la vieille Augustine, Augustine Ferry, celle qui vient de mourir. J’étais allé lui porter les derniers sacrements. Elle n’était pas venue à l’église depuis l’enterrement de sa sœur, il y a 25 ans. Et elle vivait maritalement avec Dumoulin, qui ne vaut pas cher. Elle m’a dit, après que je Feus confessée : « Monsieur F Abbé, je n’étais pas une mauvaise femme. Je suis bien sûre que Dieu aura pitié de moi ? » Je n’ai pas pu répondre oui. J’ai