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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/118

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Dieu, monsieur l’Abbé, vous m’auriez pris par les deux épaules et sorti à coups de pied dans le cul. 1 m. 90, monsieur l’Abbé ! Et vous, à ce que je crois, 1 m. 65 ? Pas mal bâti, au demeurant. Alors qu’est-ce que vous attendez ? Dites, qu’est-ce qu’il attend, cet homme qui a Dieu avec lui ? » Il partit d’un éclat de rire, d’un rire terrible, sardonique et strident.

« Monsieur l’Abbé, je vous salue. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! » Là-dessus, l’étrange personnage jeta sur l’harmonium la boîte d’allumettes qu’il m’avait empruntée et sortit en claquant la porte.

Je n’ai rien dit de cela à monsieur le Curé.

Comme la mère Bisson m’apportait mon linge, elle resta un moment sur le seuil, parut partir et se ravisa : « Avez-vous vu, monsieur l’Abbé, ce drôle de type qui a traîné sur la grand’place, cet après-midi ? On l’a vu entrer à l’église. Tenez ! je crois que vous y étiez ! Non ?… Ah !… Et il est reparti sur les sept heures… M’est avis que si on avait prévenu la police… »

Oui, on aurait dû, peut-être, prévenir la police.

Je dirai tout : je suis si troublé de cette visite que je ne la considère pas comme celle d’un homme ordinaire ! Je me demande parfois si Satan lui-même…