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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/30

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doute attrapes de la nature, et rien de plus.

Je crois qu’elle fera des progrès avec moi : elle saisit vite. Elle est capable, aussi, de vous interrompre : « Je ne comprends pas : voudriez-vous que nous reprenions ici ? » Quelque chose de net et d’honnête, en accord avec toute sa personne, avec son allure décidée, un peu girl-scout, mais sans excès.

Je ne l’ai pas trouvée tellement faible, seulement en retard. Elles sont trop nombreuses, au collège, et leur professeur, souvent malade — c’est toujours ainsi chez les filles — prend des congés.

Je viens d’être malade trois semaines. Une sorte de bronchite. Je traîne cela depuis l’enfance. Je tousse encore, mais ça va mieux. Pourtant, j’aurais grand besoin de fortifiant. Je crois même que j’aurais besoin d’alcool. Un vin puissant. Quelque Bordeaux : Saint-Emilion 1928, Château de Soutard ! J’en ai bu au 14 juillet, à ce fameux banquet dont je revins un peu gris. Saint-Emilion ! Mais comment dire ça à Thérèse ? Et puis ça coûte ! Jacques aurait besoin d’un béret, Thérèse n’a que de pauvres bas : quel égoïste ! Sans compter que cette soif de vin n’est pas sans me laisser quelque inquiétude : mon père buvait, et je me sens parfois tenté. Avouons-le, j’ai l’étoffe d’un ivrogne. Si j’étais fort, si je m’assurais