Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/31

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sur moi-même, si je n’étais pas pauvre type, eh bien ! je boirais’! Encore une expérience à faire et qu’hélas je ne ferai jamais.

Très grosse histoire à la maison. Au sujet de Philippe. Thérèse, ce matin, m’emmène dans sa chambre sans dire un mot et me montre, sur les draps, quelques taches dont je ne puis douter : « — Tu vois ! tu vois ! Et encore ici ! Et encore là !… Il faudra parler à Philippe ! », et, comme je reste silencieux : « Mais oui, il faudra que tu lui en parles ! Ce n’est pas moi, tout de même, qui vais me charger de cette histoire ! »

Philippe, envoyé par Thérèse, est monté ce soir au grenier. Je lui ai dit : « Philippe, tu es un homme : j ai à te parler sérieusement… » Il baisse les yeux. Thérèse, sûrement, a fait en sorte, sans le vouloir, qu’il sache clairement de quoi il retourne. J’ai dû lui faire tout mon discours sans que jamais il relevât la tête. Que lui ai-je dit ? Ce que l’on a coutume de dire : santé, famille, patrie, et péché d’impureté : « Toi qui aimes tant aller au patronage ! hein ! si le Père apprenait ça ?… » Mais Philippe reste silencieux. Et moi je ne fais plus que pousser des mots vides les uns sur les autres, et, me rappelant son âge et me souvenant, j’ai conscience d’être un hypocrite. « Tu peux aller !… — Au revoir, papa ! »

Thérèse va venir, va s’informer. Que vais-je lui dire ?