Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/38

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Il s’est levé. Il me pose la main sur l’épaule : « Je suis désolé, croyez-moi… »

Je me retrouve dans l’escalier, désemparé et titubant. Les élèves m’attendent dans la cour : « Montez, messieurs ! » — « Chic, Monsieur, on aura pris l’air ! et on n’a plus que dix minutes avant la cloche. »

J’ai cru bon de mettre mes élèves au courant de ce qui vient de se passer : « Comprenez-moi, (je me sentais parler comme Monsieur le Principal) comprenez-moi : je ne désire pas gronder, je désire encore moins punir. Je me souviens d’avoir été enfant. Tout de même, messieurs, vous abusez ! » Langlois s’écrie : « C’est vrai, Monsieur, y en a qui vont fort. On profite que vous êtes chic type… » Je dis encore, dans un grand silence : « Être très dur, manier la trique, faire une discipline d’adjudant, vous savez, ce n’est pas difficile : le premier imbécile venu… Mais je répugne à ces moyens. Je veux vous prendre pour des hommes et non pas pour des galopins. Vous me comprenez ?… »

Le gros Mériel dit naïvement : « Vous savez, on n’est pas habitués. Nos parents nous frottent les oreilles. Alors, quand c’est quelqu’un comme vous, qui se laisse faire, on en profite ! » « — Qui se laisse faire ? Mais non, Mériel ! Qui se laisse faire, parce qu’il veut bien se laisser faire !… Je vous répète : si quelqu’un préfère les taloches, et les retenues, comme il