Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voudra, comme vous voudrez ! » « — Vous ne sauriez pas, monsieur Rousseau ! vous ne pourriez pas ! Vous êtes trop bon, monsieur Rousseau ! »

Là-dessus, la cloche s’est mise à sonner. Je suis parti et, revenant chez moi, rythmant mon pas, je répétais au-dedans de moi, et quelquefois même à voix basse : « Tu ne peux pas ! Tu es trop bon ! Tu ne peux pas ! Tu es trop bon ! Tu ne peux pas !… » ; et, tout d’un coup, je marchais alors sur la digue, face à la mer : « Marcel Rousseau, (et je croyais entendre la voix criarde de mon vieux maître, du Père Bisson, comme on l’appelait) : « Marcel Rousseau, tu n’es qu’un propre-à-rien ! »

Si je n’étais pas, encore, un vieux cochon ! Est-ce que tous les hommes sont comme ça ? Est-ce que tous les hommes sont comme moi ? Ne savent-ils qu’un peu mieux mentir ? Est-ce qu’il y a, dans le monde, un homme pur ? entendez-moi : un homme, bien sûr, qui aurait conquis sa pureté mais qui la vivrait joyeusement ? Est-ce qu’il y a encore des saints ?

J’écris tout ça de mon grenier. La lucarne est ouverte. Il pleut. Je repense à Château-du-Loir, mon premier poste ; à une promenade par la campagne, un jeudi matin, peu de temps