Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/42

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ture. L’année dernière, nous avions un jeune professeur. Je l’aimais beaucoup. Les cours étaient intéressants. On y disait tout ce qu’on pensait. Elle aimait qu’on ne soit pas d’accord. Et elle lisait !… comme tout à l’heure vous lisiez vous-même, monsieur Rousseau ! Cette année, on explique des textes, on met une heure à étudier dix lignes. Depuis trois mois, nous expliquons. Horace !… » « — Autre méthode ! Chaque professeur a sa méthode ! » « — Oui, vous dites ça, mais quelle méthode préférez-vous ? » « — Mademoiselle, notre théorème ! » « — Oh ! vous savez, ce n’est pas du temps perdu !… Monsieur Rousseau, quelle serait votre méthode à vous ? »

Et je me suis abandonné. Avec délices. J’ai condamné ce que j appelle un enseignement de glossateurs, un enseignement d’érudition, de pédantisme, l’enseignement d’imbéciles diplômés qui situent tout, qui expliquent tout. Qui ne savent rien, ne sentent rien. Des professeurs ! J’ai condamné Des Granges, Lanson, Doumic, Crouzet, l’abus qu’on fait de leurs manuels ; et les dissertations qu’on donne ! Jamais on n’apprend à construire, à inventer ! On ne se soucie que de critique, et que d’apprendre à critiquer. Encore si même, quand on critique, on disait ses idées à soi ! Mais on n’a pas d’idées à soi, on a celles de la tradition. On continue ! L’école, toute l’Université elle-même, n’est qu’une sorte de Conservatoire !