Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/46

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du Père ! Il condamne, par ce seul refus, au prix d’un tout petit mensonge — encore n’est-il pas bien sûr qu’il mente ! — et sans jamais vous faire violence. Impossible de se fâcher, impossible de discuter. Et, pour finir, on est inquiet, on s’interroge, on se sent comme trouble et impur et tout propice aux analyses, aux repentances, aux confessions.

« — Alors, Cécile n’est pas gentille ? » La même méthode. Il ne condamnera pas : il me laissera dans l’incertitude, et toute ma journée sera empoisonnée par le remords…

Le soir, maladroitement, j’ai essayé de réparer. J’ai voulu plaisanter Cécile. Elle est restée le nez dans son assiette, intransigeante, fermée, butée. Pas plus de succès avec Philippe. Il répond par oui et par non. J aurais aimé lui dire combien j’étais content de son travail du trimestre dernier. Je n’ai pas pu : d’avance, je savais de quel visage il répondrait et qu’il penserait : « Pourquoi me dis-tu ça ? Pourquoi veux-tu, alors que ni l’un ni l’autre nous ne le souhaitons, pourquoi veux-tu qu’on tâche de se réconcilier ? »

Triste soirée. J’ai commencé, aussi, de raconter une histoire à Jeanne. Thérèse a dit : « Il est plus de huit heures et demie, il est trop tard ! Si Jeanne veut avoir une histoire, qu’elle se déshabille donc un peu plus vite, au lieu de flâner ! »