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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/47

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Ils m’ont eu encore. Ç’a été, quand je suis’ entré, l’infernal bruit des règles sur les pupitres et des pieds battant le parquet* ; et, par instants, on entendait, dominant tout, le hurlement strident d’une voix. J’ai attendu. Et que faire d’autre ? Et je pensais — je pense toujours, ça ne paralyse pas mes pensées, bien au contraire — et je pensais : Si, un beau jour, ils décidaient de faire ça devant monsieur le Principal, oui, quelle serait son attitude ? Comment pourrait-il s’en tirer, lui qui n’a qu’un filet de voix et qui le perd, encore, quand il s’échauffe ! Ah ! on voit bien qu’ils n’ont jamais (je les convoquais tous silencieusement, lui, Principal, et tel et tel qui ont réputation d’hommes féroces, inchahutables), ah ! on voit bien qu’ils n’ont jamais dû arrêter ; un pareil vacarme ! Et soudain je me dis : Idiot ! que songes-tu là ! Dans quelle position les mets-tu ? Jamais, jamais, entends-tu bien ; ils n’auront à faire face à cela : on ne chahute que les hommes chahutables, et l’important j n’est pas d’arrêter un chahut, de savoir arrêter ( un chahut, mais de faire en sorte qu’il ne se produise jamais. De faire en sorte ! Je sais, q mon Dieu, ce que ça veut dire, et qu’on ne fait î que ce qu’on est… Oui, j’ai dû noter ces belles choses. Déjà. Je n’en sors pas…

Et tout d’un coup ç’a été le silence. Un si-