Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est lui qui est monté en chaire : Monsieur le Curé, souffrant d’une extinction de voix, n’a fait que quêter. Le vicaire a parlé de l’école sans Dieu et des « sans Dieu ». Une attaque à fond contre l’école laïque. Je l’imaginais debout devant le portail, prêchant la foule. Et je ne le voyais pas vêtu en curé, mais en militaire.

Il y a des mains qui sont faites pour prendre. Regarde tes mains à toi, pauvre homme !

Tout étourdi, aujourd’hui encore, bien que nous soyons déjà en mai, par le printemps. Tout poreux et tout transparent.

J’ai rencontré un chien au bord de la route, en sortant de la ville. Il était assis sur le seuil d’une maison vide. Je n’ai pu résister au désir de m’asseoir près de lui. Il a paru un peu étonné. C’était un vieux chien las, et pas très propre à ce qu’il m’a semblé. Je crois même qu’il avait des puces. Nous nous sommes regardés longuement, mais d’un regard sans curiosité, d’un de ces regards qu’on ne sait qu’après et qui vous ouvrent toutes les portes. J’ai cru un moment être chien. En vérité j’ai été chien. Et c’était bon, simplement bon. Un oui qui n’en finissait pas.

J’ai pu acheter enfin — je garde quinze