Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/67

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restés joue contre joue, un long moment. (Comment ai-je pu m approcher d’elle ; et d’un geste si sûr de soi, si naturel, comme d’un geste de tous les jours, l’attirer soudain contre moi ?) « Madeleine ! Madeleine !… » Mais tout d’un coup elle s’est déprise : « Qu’estce que j’ai fait ?… Monsieur Rousseau, dites, dites, qu’est-ce que nous avons fait ! » Et elle s’est mise à sangloter. « — Madeleine… Madeleine… » Je ne savais quels mots lui dire… Comme de nouveau je m’approchai d’elle : « Non, laissez-moi, oh ! je vous en prie, laissez-moi ! »

Elle est partie peu de temps après, toute rieuse et comme consolée. Elle doit revenir mercredi. Encore trois jours !

Mon Dieu, mon Dieu, sois béni pour la Joie… Mon Dieu !… Mais non, il n’y a point de Dieu : Dieu, c’est la terre, c’est la terre enfin reconnue ! Dieu, c’est Madeleine, et notre amour !

Mercredi. Madeleine n’est pas encore venue. Il y a une heure qu’elle devrait être ici. Non, trois quarts d’heure.

Madeleine n’est pas venue aujourd’hui. Qu’y a-t-il donc ?