Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/83

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propre vin de M.  le Curé. Inouï. Ni camarade, ni dédaigneux, et surtout pas tendre. Pas onctueux. Pas bénissant. Je suis encore indisposé au seul souvenir de monseigneur Cléron qui, venu dans mon village pour la confirmation et, comme notre curé lui disait que je me destinais sans doute à être prêtre, m’attira la tête contre son ventre. Il y avait là-dedans une si facile et une si grosse diplomatie qu’il me fallut faire effort pour ne pas me dégager. J’en juge mieux aujourd’hui. Je ne crois pas que monseigneur Cléron ait voulu, si consciemment, me circonvenir. Non, mais il était tendre et abandonné, sans rien en lui qui résistât. Effet de vieillesse ? M.  le Curé aussi a de ces abandons. Pourtant il y a des vieillards qui vieillissent fermement. Durement. Non, la vérité, c’est que tous les hommes actuellement, y compris même les hommes d’Église, baignent plus ou moins encore dans le sirop romantique.

Et je ne suis pas d’accord non plus avec quelques-uns de mes confrères, à peu près du même âge que moi, qui donnent dans le football, la soutane retroussée, le béret et les mots vulgaires, par démagogie. On dirait qu’ils ont peur d’être en retard sur les communistes, qu’ils ont peur que les gens de Moscou ne leur volent leurs ouailles. Tout de même, est-ce que l’Église doit jamais se mettre à la mode ?

Est-ce que je me trompe ? il me semble qu’il