Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/138

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Que ferez-vous du vôtre, et qui vous sauvera
Des traits vengeurs dont Rome alors vous poursuivra ?
Restez en paix, régnez, gardez votre couronne :
Le Sénat vous la laisse, ou plutôt vous la donne.
Obtenez sa faveur, faites ce qu’il lui plaît ;
Je ne vous connais point de plus grand intérêt.
Consultez nos amis : ce qu’ils ont de puissance
N’est que le prix heureux de leur obéissance.
Quoi qu’il en soit, enfin, que votre ambition
Respecte un roi qui vit sous sa protection.

PRUSIAS

Seigneur, quand le Sénat s’abstiendrait d’un langage
Qui fait à tous les rois un si sensible outrage ;
Que, sans me conseiller le secours de l’effroi,
Il dirait simplement ce qu’il attend de moi ;
Quand le Sénat, enfin, honorerait lui-même
Ce front, qu’avec éclat distingue un diadème,
Croyez-moi, le Sénat et son ambassadeur
N’en parleraient tous deux qu’avec plus de grandeur.
Vous ne m’étonnez point, Seigneur, et la menace
Fait rarement trembler ceux qui sont à ma place.
Un roi, sans s’alarmer d’un procédé si haut,
Refuse s’il le peut, accorde s’il le faut.
C’est de ses actions la raison qui décide,
Et l’outrage jamais ne le rend plus timide.
Artamène avec moi, Seigneur, fit un traité
Qui de sa part encore n’est pas exécuté :
Et quand je l’en pressais, j’appris que son armée
Pour venir me surprendre était déjà formée.
Son perfide dessein alors m’étant connu,