Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je laissai respirer ton peuple dans tes murs.
Il échappa depuis, et ma seule imprudence
Des Romains abattus releva l’espérance.
Mais ces fiers citoyens, que je n’accablai pas,
Ne sont point assez vains pour mépriser mon bras ;
Et si Flaminius voulait parler sans feindre,
Il dirait qu’on m’honore encor jusqu’à me craindre.
En effet, si le roi profite du séjour
Que les dieux ont permis que je fisse en sa cour,
S’il ose pour lui-même employer mon courage,
Je n’en demande pas à ces dieux davantage.
Le Sénat, qui d’un autre est aujourd’hui l’appui,
Pourra voir arriver le danger jusqu’à lui.
Je sais me corriger ; il sera difficile
De me réduire alors à chercher un asile.

FLAMINIUS

Ce qu’Annibal appelle imprudence et lenteur,
S’appellerait effroi, s’il nous ouvrait son cœur.
Du moins, cette lenteur et cette négligence
Eurent avec l’effroi beaucoup de ressemblance ;
Et l’aspect de nos murs si remplis de héros
Put bien vous conseiller le parti du repos.