Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

si chiche, je sis si diminué, si chu, que je prenrais de bon cœur une lantarne pour me charcher. Je vois bian que vous êtes aplatis itou ; mais me voyez-vous comme je vous vois, vous autres ?

FONTIGNAC

Tu l’as dit, paubre éperlan. Et dé moi, que t’en semble ?

BLAISE

Vous ? ou êtes de la taille d’un goujon.

FONTIGNAC

Mé boilà.

LE COURTISAN

Et moi, Fontignac, suis-je aussi petit qu’il me paraît que je le suis devenu ?

FONTIGNAC

Monsieur, bous êtes mon maîtré, hommé de cour et grand seigneur ; bous mé démandez cé qué bous êtes ; mais jé né bous bois pas ; mettez-bous dans un microscope.

LE PHILOSOPHE

Je ne saurais croire que notre petitesse soit réelle : il faut que l’air de ce pays-ci ait fait une révolution dans nos organes, et qu’il soit arrivé quelque accident à notre rétine, en vertu duquel nous nous croyons petits.

LE COURTISAN

La mort vaudrait mieux que l’état où nous sommes.

BLAISE

Ah ! ma foi, ma parsonne est bian diminuée ; mais j’aime encore mieux le petit morciau qui m’en reste,