Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

BLAISE

Morgué ! je ne ris pourtant que du bout des dents.

LE GOUVERNEUR

Et les autres ?

LE PHILOSOPHE

Les autres sont indignés du peu d’égard qu’on a ici pour des créatures raisonnables.

FONTIGNAC

, avec feu.

Sire, réprésentez-bous lé mieux fait dé botré royaume. Boilà ce que jé suis, sans mé soucier qui mé gâte la taille.

BLAISE

Vartigué ! Monsieu le Gouverneux, ou bian Monsieu le Roi, je ne savons lequel c’est ; et vous, Mademoiselle sa fille, et Monsieur son garçon, il n’y a qu’un mot qui sarve. Venez me voir avaler ma pitance, vous varrez s’il y a d’homme qui débride mieux ; je ne sis pas pus haut que chopaine, mais morgué ! dans cette chopaine vous y varrez tenir pinte.

LE GOUVERNEUR

Il me semble qu’ils se fâchent : allons, qu’on les remette en cage, et qu’on leur donne à manger ; cela les adoucira peut-être.

LE COURTISAN

, à Floris, en lui baisant la main.

Aimable dame, ne m’abandonnez pas dans mon malheur.

FLORIS

Eh ! voyez donc, mon père, comme il me baise la main ! Non, mon petit rat ; vous serez à moi, et j’aurai soin de vous. En vérité, il me fait pitié !