Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/293

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BLECTRUE

En êtes-vous bien sûr ? (À part.) Cela ressemblerait à l’article dont il est fait mention dans nos registres.

LE POÈTE

Je vous dis la vérité.

BLECTRUE

, l’embrassant.

Petit bonhomme, veuille le ciel que vous ne vous trompiez pas, et que ce soit mon semblable que j’embrasse dans une créature pourtant si méconnaissable ! Vous me pénétrez de compassion pour vous. Quoi ! vous seriez un homme ?

LE POÈTE

Hélas ! oui.

BLECTRUE

Eh ! qui vous a donc mis dans l’état où vous êtes ?

LE POÈTE

Je n’en sais ma foi rien.

BLECTRUE

Ne serait-ce pas que vous seriez déchu de la grandeur d’une créature raisonnable ? Ne porteriez-vous pas la peine de vos égarements ?

LE POÈTE

Mais, seigneur Blectrue, je ne les connais pas ; ne serait-ce pas plutôt un coup de magie ?

BLECTRUE

Je n’y connais point d’autre magie que vos faiblesses.

LE POÈTE

Croyez-vous, mon cher ami ?