Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/296

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des hommes enfin qui ont de si respectables faiblesses, qui se tuent quelquefois d’une manière si admirable et si auguste, qu’on ne saurait les voir sans en avoir l’âme émue, et pleurer de plaisir. Vous ne me répondez rien ?

BLECTRUE

, surpris, l’examine sérieusement.

Voilà qui est fini, je n’espère plus rien ; votre espèce me devient plus problématique que jamais. Quel pot pourri de crimes admirables, de vertus coupables et de faiblesses augustes ! il faut que leur raison ne soit qu’un coq-à-l’âne. Continuez.

LE POÈTE

Et puis, il y a des comédies où je représentais les vices et les ridicules des hommes.

BLECTRUE

Ah ! je leur pardonne de pleurer là.

LE POÈTE

Point du tout ; cela les faisait rire.

BLECTRUE

Hem ?

LE POÈTE

Je vous dis qu’ils riaient.

BLECTRUE

Pleurer où l’on doit rire, et rire où l’on doit pleurer ! les monstrueuses créatures !

LE POÈTE

, à part.

Ce qu’il dit là est assez plaisant.

BLECTRUE

Et pourquoi faisiez-vous ces ouvrages ?