Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/325

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BLECTRUE

Que deviendra la faiblesse si la force l’attaque ?

BLAISE

Adieu la voiture3 !

BLECTRUE

Que deviendra l’amour, si c’est le sexe le moins fort que vous chargez du soin d’en surmonter les fougues ? Quoi ? vous mettrez la séduction du côté des hommes, et la nécessité de la vaincre du côté des femmes ! Et si elles y succombent, qu’avez-vous à leur dire ? C’est vous en ce cas qu’il faut déshonorer, et non pas elles. Quelles étranges lois que les vôtres en fait d’amour ! Allez mes enfants, ce n’est pas la raison, c’est le vice qui les a faites ; il a bien entendu ses intérêts. Dans un pays où l’on a réglé que les femmes résisteraient aux hommes, on a voulu que la vertu n’y servît qu’à ragoûter les passions, et non pas à les soumettre.

BLAISE

Morgué ! les femmes n’ont qu’à venir, ma force les attend de pied farme. Alles varront si je ne voulons de la vartu que pour rire.

SPINETTE

Je vous avoue que j’aurai bien de la peine à m’accoutumer à vos usages, quoique sensés.