Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/511

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gens heureux, nous, morbleu ! et elle ne les rend que raisonnables ; aussi n’a-t-elle pas la presse.

CUPIDON

Apparemment que c’est elle qui vous a aussi chargé du soin d’aller chercher le dieu de la tendresse, lui dont on ne se ressouvenait plus ?

MERCURE

Vous l’avez dit, et ma commission portait même de lui faire de grands compliments.

CUPIDON

, riant.

La belle ambassade !

PLUTUS

Va, va, mon ami, laisse-le venir, ce dieu de la tendresse ; quand on le rétablirait, il ne ferait pas grande besogne. On n’est plus dans le goût de l’amoureux martyre ; on ne l’a retenu que dans les chansons. Le métier de cruelle est tombé ; ne t’embarrasse pas de ton rival ; je ne veux que de l’or pour le battre, moi.

CUPIDON

Je le crois. Mais je suis piqué. Il me prend envie de vider mon carquois sur tous les cœurs de l’Olympe.

MERCURE

Point d’étourderie ; Jupiter est le maître : on pourrait bien vous casser, car on n’est pas trop content de vous.

CUPIDON

Eh ! de quoi peut-on se plaindre, je vous prie ?