Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/513

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont vous videz le coffre pour l’achat d’un mari fainéant, qu’on ne saurait ni troquer ni revendre. Ce sont des malices qui ne finissent point ; sans compter votre libertinage : car Bacchus, dit-on, vous fait faire tout ce qu’il veut ; Plutus, avec son or, dispose de votre carquois ; pourvu qu’il vous donne, toute votre artillerie est à son service, et cela n’est pas joli ; ainsi, tenez-vous en repos, et changez de conduite.

CUPIDON

Puisque vous m’exhortez à changer, vous avez donc envie de vous retirer, seigneur Mercure ?

MERCURE

Laissons là cette mauvaise plaisanterie.

PLUTUS

Quant à moi, je n’ai que faire d’être dans les caquets. Tout ce que je prends de lui, je l’achète, je marchande, nous convenons, et je paie ; voilà toute la finesse que j’y sache.

CUPIDON

Celui-là est comique ! Se plaindre de ce que j’aime la bonne chère et l’aisance, moi qui suis l’Amour ! À quoi donc voulez-vous que je m’occupe ? à des traités de morale ? Oubliez-vous que c’est moi qui mets tout en mouvement, que c’est moi qui donne la vie ; qu’il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus sémillant, plus vivant que tous les dieux ensemble ?