Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/61

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C’est un fort bon moyen que de verser des larmes !
Retournez au logis passer votre chagrin.

CRISPIN

Et retournons au nôtre y prendre un doigt de vin.

TOINETTE

Que vous êtes enfants !

CRISPIN

Leur douloureux martyre,
En les faisant pleurer, me fait crever de rire.

TOINETTE

Qu’un air triste et mourant vous sied bien à tous deux !

CRISPIN

Qu’il est beau de pleurer, quand on est amoureux !

TOINETTE

Eh bien ! finissez-vous ? Toi, Crispin, tiens ton maître.
Hélas ! que vous avez de peine à vous connaître !

CRISPIN

Ils ne se disent mot, Toinette ; sifflons-les.
On siffle bien aussi messieurs les perroquets.

CLÉANDRE

Promettez-moi, Philine, une vive tendresse.

PHILINE

Je n’aurai pas de peine à tenir ma promesse.

CRISPIN

Quel aimable jargon ! Je me sens attendrir ;
Si vous continuez, je vais m’évanouir.

TOINETTE

Hélas ! beau Cupidon ! le douillet personnage !
Mais, Madame, en un mot, cessez ce badinage.
Votre père viendra.