Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/168

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ROSIMOND

Un moment, Marton, j’avais quelque chose à te dire et je m’en ressouviendrai ; Frontin, m’est-il venu des lettres ?

FRONTIN

À propos de lettres, oui, Monsieur, en voilà une qui est arrivée de quatre lieues d’ici par un exprès.

ROSIMOND

ouvre, et rit à part en lisant.

Donne… Ha, ha, ha… C’est de ma folle de comtesse… Hum… Hum…

MARTON

Monsieur, ne vous trompez-vous pas ? Auriez-vous quelque chose à me dire ? Voyez, car il faut que je m’en aille.

ROSIMOND

, toujours lisant.

Hum !… hum !… Je suis à toi, Marton, laisse-moi achever.

MARTON

, à part à Frontin.

C’est apparemment là une lettre de commerce.

FRONTIN

Oui, quelque missive de passage.

ROSIMOND

, après avoir lu.

Vous êtes une étourdie, Comtesse. Que dites-vous là, vous autres ?

MARTON

Nous disons, Monsieur, que c’est quelque jolie femme qui vous écrit par amourette.

ROSIMOND

Doucement, Marton, il ne faut pas dire cela en ce pays-ci, tout serait perdu.