Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/174

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FRONTIN

Oui, Madame, il vient de sortir par respect pour vos volontés.

HORTENSE

Comment !…

MARTON

C’est sans doute à cause de votre réponse de tantôt ; vous ne saviez pas quand vous pourriez le voir.

FRONTIN

Et il ne veut pas prendre sur lui de décider la chose.

HORTENSE

Eh bien, je la décide, moi, va lui dire que je le prie de revenir, que j’ai à lui parler.

FRONTIN

J’y cours, Madame, et je lui ferai grand plaisir, car il vous aime de tout son cœur. Il ne vous en dira peut-être rien, à cause de sa dignité de joli homme. Il y a des règles là-dessus ; c’est une faiblesse : excusez-la, Madame, je sais son secret, je vous le confie pour son bien ; et dès qu’il vous l’aura dit lui-même, oh ! ce sera bien le plus aimable homme du monde. Pardon, Madame, de la liberté que je prends ; mais Marton, avec qui je voudrais bien faire une fin, sera aussi mon excuse. Marton, prends nos intérêts en main ; empêche Madame de nous haïr, car, dans le fond, ce serait dommage, à une bagatelle près, en vérité nous méritons son estime.

HORTENSE

, en riant.

Frontin aime son maître, et cela est louable.