Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/350

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ne le comprenons pas, nous qui le sentons ; il est infini.

MESROU.

Nous ne vous proposons de vous séparer que deux ou trois heures dans la journée.

ÉGLÉ.

Pas une minute.

MESROU.

Tant pis.

ÉGLÉ.

Vous m’impatientez, Mesrou ; est-ce qu’à force de nous voir nous deviendrons laids ? Cesserons-nous d’être charmans ?

CARISE.

Non, mais vous cesserez de sentir que vous l’êtes.

ÉGLÉ.

Eh ! qu’est-ce qui nous empêchera de le sentir, puisque nous le sommes ?

AZOR.

Églé sera toujours Églé.

ÉGLÉ.

Azor toujours Azor.

MESROU.

J’en conviens, mais que sait-on ce qui peut arriver ? Supposons par exemple que je devinsse aussi aimable qu’Azor, que Carise devînt aussi belle qu’Églé.

ÉGLÉ.

Qu’est-ce que cela nous ferait ?

CARISE.

Peut-être alors que, rassasiés de vous voir, vous