Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/351

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seriez tentés de vous quitter tous deux pour nous aimer.

ÉGLÉ.

Pourquoi tentés ? Quitte-t-on ce qu’on aime ? Est-ce là raisonner ? Azor et moi nous nous aimons, voilà qui est fini ; devenez beaux tant qu’il vous plaira, que nous importe ? Ce sera votre affaire ; la nôtre est arrêtée.

AZOR.

Ils n’y comprendront jamais rien ; il faut être nous pour savoir ce qui en est.

MESROU.

Comme vous voudrez.

AZOR.

Mon amitié, c’est ma vie.

ÉGLÉ.

Entendez-vous ce qu’il dit, sa vie ? comment me quitterait-il ? Il faut bien qu’il vive, et moi aussi.

AZOR.

Oui, ma vie ; comment est-il possible qu’on soit si belle, qu’on ait de si beaux regards, une si belle bouche, et tout si beau ?

ÉGLÉ.

J’aime tant qu’il m’admire !

MESROU.

Il est vrai qu’il vous adore.

AZOR.

Ah ! que c’est bien dit, je l’adore ! Mesrou me comprend, je vous adore.