Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/370

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ÉGLÉ.

En avez-vous plus que dans le vôtre ?

MESRIN.

Oh ! je vous assure.

ÉGLÉ.

Eh bien, l’homme, il n’y a qu’à y rester.

AZOR.

C’est ce que nous disions, car il est tout-à-fait bon et joyeux ; je l’aime, non pas comme j’aime ma ravissante Églé que j’adore, au lieu qu’à lui je n’y prends pas seulement garde ; il n’y a que sa compagnie que je cherche pour parler de vous, de votre bouche, de vos yeux, de vos mains, après qui je languissais.

(Il lui baise une main.)
MESRIN, prenant l’autre main.

Je vais donc prendre l’autre.

(Il baise cette main. Églé rit et ne dit mot.)
AZOR

Oh ! doucement ; ce n’est pas ici votre blanche, c’est la mienne ; ces deux mains sont à moi, vous n’y avez rien.

ÉGLÉ.

Ah ! il n’y a pas de mal ; mais, à propos, allez-vous-en, Azor ; vous savez bien que l’absence est nécessaire ; il n’y a pas assez long-temps que la nôtre dure.

AZOR.

Comment ! il y a je ne sais combien d’heures que je ne vous ai vue.

ÉGLÉ.

Vous vous trompez ; il n’y a pas assez long-temps,