Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/450

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FÉLICIE

Vos bontés m’ont-elles rien laissé à souhaiter ?

HORTENSE

N’y a-t-il point quelque vertu, quelque qualité dont je puisse encore vous douer ?

FÉLICIE

Il n’y en a point dont vous n’ayez voulu embellir mon âme.

HORTENSE

Vous avez bien de l’esprit, en demandez-vous encore ?

FÉLICIE

Je m’en fie à votre tendresse, elle m’en a sans doute donné tout ce qu’il m’en faut.

HORTENSE

Parcourez tous les avantages possibles, et voyez celui que je pourrais augmenter en vous, ou bien ajouter à ceux que vous avez : rêvez-y.

FÉLICIE

J’y rêve, puisque vous me l’ordonnez, et jusqu’ici je ne vois rien ; car enfin, que demanderais-je ? Attendez pourtant, Madame ; des grâces, par exemple, je n’y songeais point ; qu’en dites-vous ? il me semble que je n’en ai pas assez.

HORTENSE

Des grâces, Félicie ! je m’en garderai bien ; la nature y a suffisamment pourvu ; et si je vous en donnais encore, vous en auriez trop ; je vous nuirais.